Sur le Premier Plateau du Jura, comme dans bien d'autres endroits, les premiers hommes (1) qui ont souhaité exploiter les sols peu profonds pour la culture ont du procéder à un épierrage régulier et minutieux. Les travaux agricoles faisaient en effet régulièrement émerger des morceaux de roche calcaire, assez plats, sorte de dalles naturelles.

Ceux-ci étaient donc sortis des parcelles: "empilés" savamment les uns sur les autres en "pierres sèches" c'est à dire sans "liant" (mortier), ils servaient à la construction de murs, appelés "murgers", qui marquaient les limites des propriétés.

A l'intérieur de ces murs, les paysans ont souvent construit de petits abris qui servaient à abriter les journaliers venus cultiver les champs, puis, plus tard, les bergers surveillant les animaux en pâture.

Bien que les pratiques de l'agriculture moderne (peu soucieuses d'histoire et de beauté) aient malheureusement provoquées la disparition de nombreux murs et "cabanes de berger", comme elles sont souvent désignées (3), il en subsiste encore de beaux exemples, particulièrement dans le secteur de Granges sur Baume, Crançot, La Marre (sur le plateau juste au-dessus de la célèbre reculée de Baume-les-Mesieurs), ou un recensement réalisé dans les années 1990 par des étudiants avait permis d'en dénomber plus de 300.

De 0,5 à plus de 6 m2, vous en trouverez de toutes les tailles et de toutes les formes (2). Et si certaines sont aujourd'hui encore en bord de pré, d'autres sont profondément enfouies dans la forêt.

Dans ces paysages bocagers au faible dénivelé, plusieurs circuits de randonnée permettent de faire la découverte de ce patrimoine en famille.

(1): à une époque qui fait l'objet de plusieurs hypothèses: si certains voient une origine gauloise, la construction des cabanes actuelles date probablement des 18ème et 19ème siècles.

(2): la grande majorité des cabanes possèdent un banc qui longe les murs. Elles sont construites en encorbellement: la base est droite puis la voute est formée en faisant dépasser la pierre supérieure par rapport à la pierre inférieure. Rarement, on trouve une date gravée dans une des pierres.

(3): dans le Jura, on les appelle aussi "cabordes" ou encore "cadoles". Dans d'autres régions de France, on parlera de bories, capitelles, cazelles, loges, cabotes, oustalets...

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